Principes de l'évaluation

Le principe de la démarche adoptée est de comparer les résultats empiriques avec les conclusions théoriques obtenues dans les six premiers chapitres (Gentier 2001 et Gentier 2003). Nous allons présenter les points de la comparaison dans un tableau synoptique dont le but est de mettre en exergue les informations essentielles qu’il faut extraire des sources statistiques afin de comprendre la dynamique de fonctionnement des différents systèmes bancaires. Le tableau rappelle que la recherche de la maximisation du profit par les actionnaires de la banque produit des résultats inverses sur le plan de l’intermédiation bancaire en fonction des règles concurrentielle auxquelles le système bancaire est soumis.

Ces huit points seront la grille de lecture de l'analyse empirique. Lorsque les informations sont disponibles dans les bilans des banques nous les utiliserons pour comparer les systèmes entre eux et apprécier l’adéquation éventuelle des faits avec la typologie théorique que nous avons tracé. La méthode générale que nous avons décrite reste contingente aux informations que nous possédons sur les bilans des banques. L’aspect lacunaire de certaines sources empêche parfois de l’appliquer systématiquement. Enfin, le contexte est aussi porteur de contingences telles qu’il est difficile de mener une comparaison point par point. Ainsi, l’analyse financière d’une banque centrale n’est pas de la même nature que celle d’une banque commerciale. Cependant, nous verrons que le prisme de la recherche du profit permet aussi de comprendre et d’expliquer une partie des comportements des agents dans les systèmes à privilèges.

Introduction : la présentation de l’étude

A partir des méthodes exposées dans le chapitre 7, nous allons essayer de montrer que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les systèmes à privilège sont, de manière indiscutable, sur un plan empirique beaucoup plus affectés par une instabilité cyclique avec un retour périodique des phénomènes d’effondrement et de contraction du crédit (crédit crunch) tandis que les systèmes libres se révèlent incapables de financer le crédit par de la fausse monnaie. Nous avons classé les systèmes bancaires selon le degré de liberté en allant des systèmes les moins réglementés à ceux qui sont soumis à la plus forte réglementation. Notre objet est d’offrir un panorama du fonctionnement des systèmes bancaires à partir des sources publiées par les banques. Nous donnons ainsi plusieurs exemples historiques illustrant les situations théoriques que nous avons exposées dans la seconde partie. Nous retrouverons les cas des systèmes libres, des systèmes réglementés et des systèmes avec banque centrale.

L’étude se déroule pour chaque cas selon le plan suivant :

• les conditions de réglementation
• l’analyse du bilan bancaire (selon les modalités définies plus haut)
• conclusion sur l’adéquation entre les faits et le modèle

Les systèmes de banques libres seront représentés dans les études suivantes : les Etats de Nouvelle Angleterre (avant 1863) avec un accent particulier sur le Massachusetts, la Virginie et nous analyserons le cas des banques belges. Les systèmes à privilèges seront représentés par l’évolution du système bancaire sur deux siècles, les autres états américains avant 1863, le National Banking System et le Federal Banking System. Nous regarderons aussi l’évolution des banques belges après la création d’une banque centrale en 1852. Le tableau N°1 présente l’étude empirique. Les systèmes sont analysés dans la thèse par une étude directe sur le bilan des banques. Il existe une grande variété de cas empiriques, l’étude se fera donc sur les sources originales. Ces sources originales sont rares, et pour des raisons d’objectivité nous laisserons de côté les systèmes dont nous n’avons pu trouvé que des données partielles. Ensuite nous ne présentons pas l’étude de l’Ecosse parce qu’elle a déjà été largement étudiée et nous ne faisons qu’un bref rappel du monopole d’émission anglais pour montrer qu’il s’inscrit dans la même logique de fonctionnement que les monopoles étudiés dans cette partie. Cela explique en particulier le fait que nous n’étudierons pas les Etats américains autres que le Massachusetts et le Rhode Island avant 1863. Les sigles de la troisième colonne correspondent aux appellations suivantes :

• O: source originale, signifie que les données sont prises directement au niveau des bilans des banques
• I : source indirecte, les données sont prises sur une source qui ne sont pas les documents originaux comptables.
• ED :étude détaillée dans la thèse, nous présenterons en détail le système
• EP : étude partielle, nous citerons juste quelques faits marquants sur ce système bancaire.